Les meurtres de Molly Southbourne – Tade Thompson

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Encore un livre de la collection Une Heure Lumière des éditions Le Bélial’. Une novella, donc, suivie d’une interview de l’auteur,datant de 2017, date de la parution de ce roman court. L’histoire? Voyons déjà la 4e de couverture : 

« Molly est frappée par la pire des malédictions. Aussi les règles sont-elles simples, et ses parents les lui assènent depuis son plus jeune âge.
Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.
Molly se les récite souvent. Quand elle s’ennuie, elle se surprend à les répéter sans l’avoir voulu… Et si elle ignore d’où lui vient cette terrible affliction, elle n’en connaît en revanche que trop le prix. Celui du sang. »

On rentre dans le récit par la violence. Une jeune femme est enchainée dans une cave, depuis des heures, peut-être des jours. Elle est blessée, pleine de sang et de coupures. Une femme entre, le visage tuméfié, athlélique, qui lui fait un tatouage à la sauvage : briquet, aiguille, encre. Et elle repart. En l’enfermant de nouveau. Puis revient plusieurs fois pour donner de l’eau, et elle finit par s’assoir auprès de la prisonniere et lui dit : Je m’appelle Molly Southbourne. Je vais te raconter qui je suis.  

On découvre alors les souvenirs de Molly, vers ses cinq ans, qui court, heureuse dans la ferme familiale. Elle connaît tous les animaux, mais ne sort jamais de l’enceinte de la ferme. Mais lorsque son chien la mord au sang, son père prend son fusil et tue le chien. Sa mère fait un pansement à Molly, et deux jours plus tard il y a une petite fille dans la ferme. Exactement pareille qu’elle. Et elle dit qu’elle s’appelle Molly aussi. Pendant trois jours elles jouent ensemble, et le quatrième jour, la nouvelle Molly essaye de la tuer à coups de pierres.  Entendant les cris, la mère de Molly arrive, et elle tire. Molly, la vraie, se retrouve à l’hôpital et demande où est Molly. « Mais tu es là ! Tu dois être encore étourdie après ta commotion. » Molly sait que les parents s’attendent à ce qu’elle leur obéisse et ne pose pas d’autre questions. Désormais, elle suivra les ordres et les entrainements. Endurance, musculation, cours de techniques de combat que sa mère lui donnera pendant toute son enfance et son adolescence. Parce qu’elle apprend que chaque fois qu’elle saigne, une Molly qui voudra la tuer arrivera. 

J’arrête là pour ne pas spoiler.. 

Le style est froid, sec, dur. Aucun adjectif, aucun adverbe (moi qui déteste leur abondance, souvent..), mais c’est fait exprès. Le récit est ultraviolent, sans l’être vraiment car, évidemment, presque aucune description, quelques trainées sanglantes, des coups portés, sans plus. Quelques démembrements pour enterrer les Molly mortes. D’autres ont adoré ce roman, qui, comme l’auteur Tade Thompson, ont une passion pour le Frankenstein de Mary Shelley, et moi…. pas. Les références à d’autres grands auteurs ont été repérées, pas par moi. Si j’avais en commun avec l’auteur (voir son interview à la fin du livre), d’autres lectures,  j’aurais peut-être plus aimé. Pour moi ce récit est glacé et les références bien sûr au sang et au sexe féminin, à la procréation étaient, limite là trop présentes. Manque de subtilité. Et nous donner quasiment le dénouement dès le début, ça ôte une partie de l’intérêt et du suspense. Et beaucoup de questions sont restées pour moi sans réponse. 

Mon avis est : « Bof, pourquoi toute cette adoration autour de ce livre? ». Voilà. Mais ce  n’est que mon avis, d’une pas aficionado de la SF…

Les meurtres de Molly Southbourne – Tade Thompson, Coll Une Heure Lumière, ed Le Bélial’,  avril 2019, 124 pages, 9,90€. Traduction de Jean-Daniel Brèque, conception graphique et couverture Aurélien Police (oui oui le même qui a fait la couverture de Terminus)

achat ici : https://www.belial.fr

10 commentaires

      • Non ce n’est pas si subjectif que ça. Je te renvoie vers les explications d’Apophis dans son guide, elles sont très claires… 😉

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      • Je l’ai, le guide, si tu as lu mes chroniques tu le sais. Je m’y suis reportée plusieurs fois, mais je me dis que trouver un mot pour qualifier chaque bouquin ça donne une idée de ce qu’on a ressenti, soi. Pour les Attracteurs, il était écrit Steampunk. Mais j’ai vu plein de becs de gaz mais pas de machine à vapeur. Donc j’ai qualifié mon ressenti de « Gaslamp fantasy », trouvé dans le guide d’Apophis. Mais lorsque je prends du recul (ma chronique en route a deux jours de retard, ça me soule), j’ai la possibilité d’y réfléchir.. pour la littérature nommée maintenant « blanche », on ne fait pas tant d’histoires.

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  1. Ici le traducteur du texte, qui attire votre attention sur certain points.
    Dans cette novella, Tade Thompson (auteur britannique d’origine africaine, plus précisément de l’ethnie yoruba), joue avec vos attentes.
    Relisez attentivement le livre.
    Chapitre 1 (que l’on peut considérer comme un prologue). Quel est le genre du narrateur/de la narratrice, tel qu’il peut être déterminé par les indications données dans le texte?
    Chapitres 2 et 3: Où se déroule l’action? Quelle est l’ethnie de Molly? de sa mère (là, on a des informations, mais elles sont ambiguës/contradictoires); de son père?
    Chapitre 4 (que l’on peut considérer comme un épilogue): où sommes-nous? QUAND sommes-nous?
    Vous avez quatre heures.

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  2. Je dois avouer qu’il me tenterait bien malgré tout… surtout qu’il n’est pas bien long 🙂
    je me le suis noté, et j’espère pouvoir le découvrir (quand mon envie de lire autre chose que de la BD sera revenue 🙂 )

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