Abimagique – Lucius Shepard

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« Elle a pour nom Abi — diminutif d’Abimagique. Elle est volupté, sensualité, violence aussi, parfois. Le monde court à sa perte, elle en est convaincue, mais elle dit avoir le pouvoir de sauver ce qui peut l’être… Elle est impénétrable. Possible qu’elle soit Cybèle, Magna Mater, femme sorcière tellurique.  »

Un jeune homme, étudiant en sciences, est attiré par une jeune femme qu’il voit souvent, déjeunant seule dans un petit restau des environs de l’Université de Seattle, elle est fringuée gothique, et elle rayonne. Ses yeux sont vert bouteille, lumineux. Elle est superbe, ses formes pleines ont un pouvoir d’attraction incroyable. Mais personne n’essaie de la draguer.

Il faut qu’il l’aborde, qu’il la drague, qu’il l’emmène. Ce qu’il fait. Il met peu de temps à s’installer chez elle. Elle est masseuse-thérapeute, vegan, fabrique des bougies et des mixtures vraiment spéciales, c’est loin de sentir bon, mais le jeune homme passe au-dessus de ça : il l’aime, ils font l’amour sans arrêt, et elle a le chic pour appuyer de ses doigts des points dans son dos qui lui donnent des orgasmes presque insupportables. Elle est très portée sur l’idée de l’effondrement, et elle est persuadée qu’ils n’ont que peu de temps à vivre, alors les projets, elle n’en fait pas. Ils discutent des heures durant, et il est étonné de ses opinions et de ses connaissances dans des domaines comme les Anges, les herbes, Dieu, les fantômes, les esprits, les monstres, la magie animale et végétale, les cercles de l’enfer. Mais le jeune homme, avec ses arguments scientifiques, ne trouve pas moyen d’ouvrir une brèche, elle refuse de discuter. Alors il l’accepte comme elle est, avec son corps flamboyant, l’amour tantrique, et ses lubies de régime. Mais il s’aperçoit qu’avec ce qu’elle lui fait manger, et les tisanes qu’elle lui fait boire, infâmes boues, il se sent vaseux, de plus en plus faiblard… et doit faire face à sa grande violence, parfois. Et il se demande si elle n’est pas plus dangereuse qu’il ne le pensait. Sorcière, Ogresse, Démon, femme animale, Ange Exterminatrice.. pire ??

Mon avis : j’avais beaucoup aimé la précédente novella de Lucius Shepard « Les attracteurs de Rose Street » dans la même collection Une Heure Lumière. L’ambiance Steampunk m’avait bluffée. Là, ce n’est pas le mème genre, on entre carrément dans le Fantastique. Le narrateur, dont on ne saura jamais le prénom, parle à la 2e personne, ce « tu » qui surprend au début, mais comme j’ai lu l’an dernier « Le Livre que je ne voulais pas écrire » d’Erwan Lahrer, qui usait de ce système pour pouvoir parler de ce qu’il avait vécu au Bataclan, ça ne m’a pas génée. La postface de Lucius Shepard explique pourquoi il a employé le « tu ».

On se laisse facilement entraîner dans ce flot de magie, blanche au début, puis on s’angoisse pour le jeune homme, pour ce qu’il risque en offrant sa vie et son amour à cette femme. On n’aura pas de réponses sur ce qui se passe à la fin de l’histoire, à nous de penser, de choisir. Un classique dans le Fantastique, nous dit le sieur Apophis, de n’avoir pas d’explication. J’ai quand même moins aimé l’ambiance glauquissime de cette novella que « Les Attracteurs de Rose Street ». J’ai bien aimé la lecture, le format « roman court » me convient parfaitement pour la SFFF.  Le format poche et la couverture un peu rigide à rabats, ce gris nuancé et les illustrations d’A. Police donnent à ces livres une envie immédiate de les collectionner….. (ce que je fais..)

Abimagique – Lucius Shepard ed du Bélial’ coll Une Heure Lumière n°22, 104 pages, Septembre 2019, traduction Jean-Daniel Brèque, couverture et conception graphique Aurélien Police, 8,90€

https://www.belial.fr

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