Le fini des mers – Gardner Dozois

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Voici le dernier des livres « Une Heure Lumière » que j’ai achetés en début de mois, toujours des ed du Bélial’, celui-ci est sorti en Juin 2018, et l’auteur, Gardner Dozois, est malheureusement décédé juste un mois avant la sortie de cette édition française. Cette novella a été écrite en 1973.

« Un jour, ils débarquèrent, comme tout le monde l’avait prévu. Tombés d’un ciel bleu candide par une froide et belle journée de novembre, ils étaient quatre, quatre vaisseaux extraterrestres à la dérive tels les premiers flocons de la neige qui menaçait depuis déjà une semaine. Le jour se levant sur le continent américain, c’est là qu’ils atterrirent : un dans la vallée du Delaware vingt-cinq kilomètres au nord de Philadelphie, un dans l’Ohio, un dans une région désolée du Colorado, et un (pour un motif inconnu) dans un champ de cannes des abords de Caracas, au Venezuela… »

 

C’est ainsi que débute le récit. Les extraterrestres ont donc débarqué. C’est l’ère des ordinateurs de vingtième génération, et l’Intelligence Artificielle a pris le pas sur les gouvernements, pour pas mal de choses. Pour ce qui arrive là, les hommes, surtout les journalistes dès le début, puis la police, puis l’armée avec les blindés arrivent, faisant un cercle autour de chaque « Objet ». Qui ne bouge pas. Ces Ovoïdes attendent on ne sait quoi. Un missile nucléaire est lancé sur l’un d’entre eux, mais il n’explose pas, et aucune réaction des extra-terrestres. L’IA reprend tout en main, les ordinateurs de tous les pays décident de ne pas trop en dire aux humains pour éviter la panique totale.

Pendant ce temps, Tommy Noland, un jeune garçon, 9-10 ans, va à l’école. Qu’il déteste. Il prend le chemin le plus long possible pour y arriver. Il saute les flaques. Il est devenu saute-flaque, il est fort, presque pas éclaboussé. Il se met « en mode chenilles » pour faire le chemin entre les flaques. La forêt qu’il longe le tente. C’est un des Lieux où « Les Autres » lui parlent. Les Autres, ce sont les créatures comme les thants, hauts humanoïdes qu’il ne voit que du coin de l’oeil, parfois il voit aussi les jibelins, ces timides créatures ailées. Et dans la mer, il y a les daléors. Quand ça ne va pas, Tommy va en parler à un thant. Parce que si ça ne va pas à l’école, ça ne va pas non plus à la maison. Son père rentre saoul tous les soirs, il frappe sa mère, parfois il tape Tommy. Tommy est triste et apeuré, il ne peut pas parler. Il n’y a que les Autres. Mais Tommy ignore que personne ne les voit. Ces créatures sont là depuis la nuit des temps, les humains ont probablement perdu l’habitude de les voir.

Le narrateur décrit, tout en finesse, et avec beaucoup de poésie cet enfant et son univers fait de peur et d’imagination, d’empathie, et l’attente des humains et de l’IA, pour savoir de ce qui est dans les vaisseaux ovoïdes, et pourquoi ils sont là.

C’est un joli livre de science-fiction à l’ancienne, et je m’y suis sentie bien malgré la violence qui se trame là-dessous. Les créatures terrestres invisibles et le petit garçon, le seul à parler avec eux ont un côté Fantasy, mais je ne mettrai pas d’étiquettes encore. Je trouve ça beau, et bon. Et ça finira mal, sans doute.

Quant à moi, je sais que je continuerai à en lire, des novellas de cette collection-là.

https://www.belial.fr

Le fini des mers – Gardner Dozois, coll UNE HEURE LUMIERE ed le Bélial’, mai 2018, 100 pages, 8,90€, trad.Pierre-Paul Durastanti, conception graphique et couverture Aurélien Police.

 

 

 

4 commentaires

  1. Tu vois que tu finis par apprécier la SF sous certaines de ses facettes.
    « A l’ancienne », dis-tu–mais c’est plus compliqué que ça. Gardner Dozois a commencé à écrire dans les années 1970, d’une façon radicalement différente de celle des décennies précédentes, et a poursuivi son oeuvre jusqu’aux années 2010, en s’adaptant plus ou moins aux attentes des lecteurs–qu’il connaissait bien en tant que rédac-chef d’un des principaux magazines US (Asimov’s SF) et d’une des meilleures séries des « meilleurs récits de l’année.
    Mais foin de ces considérations historiques: c’était un écrivain d’une grande sensibilité, et tu as su la saisir. J’espère que le Bélial’ continuera à le publier et toi à le critiquer. C’était un grand bonhomme.

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