Né d’aucune femme – Franck Bouysse

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J’ai enfin lu ce livre, encensé par la plupart des blogueurs, des lecteurs, qui a reçu déjà le Grand Prix Elle 2019, et que j’avais peur de louper comme j’avais loupé Olivier Liron (je me suis rattrapée depuis).

Voici le résumé de l’Editeur :

« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »

Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.
Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec ‘Né d’aucune femme’ la plus vibrante de ses oeuvres.
Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine. »

 

Le livre s’ouvre sur un homme, perdu. Puis un enfant. Découvrant la liberté. Puis Gabriel. Gabriel est un vieux prêtre, curé d’une petite paroisse de campagne, depuis le début de sa « carrière ». Il a toujours eu la foi, mais en tant que confesseur, savoir des choses souvent horribles, des plaintes ou des aveux, il a dû porter avec lui ce fardeau. Pourtant une voix, lui qui lui demande de prendre des carnets en secret, et de faire ce qu’il lui paraissait le mieux, a été celle qui l’a aidé à vraiment faire au mieux.. même si c’était trop’tard.

La lecture du carnet va faire connaître à ce curé les horreurs que peuvent faire les hommes de pouvoir. Le pouvoir de l’argent. Le pouvoir des hommes.

« Mon nom, c’est Rose. C’est comme ça que je m’appelle. J’attendais depuis tellement d’années à attendre de pouvoir poser mon histoire sur du vrai papier »

Revenu au presbytère, il ouvre un des cahiers, et découvre Rose, son histoire. Écrite avec son parler, mais juste, fier, calme malgré ces horreurs. Car Rose, 14 ans, découvre un jour, sur le marché qu’elle a été vendue, oui vendue, à un inconnu. Qui lui paraît très méprisant envers son père, dans ce bar, devant lequel on lui avait dit d’attendre. Rose qui aime sa vie malgré l’extrême pauvreté, avec sa mère et ses trois soeurs, avec son père. C’est vrai qu’ils travaillent beaucoup dans cette toute petite ferme, mais quoi qu’il en soit, elle s’y trouve bien et ne comprend pas qu’on lui dise de monter sur la carriole de cet homme inconnu, avec cet air bizarre. Son gros ventre, ses yeux sur elle, ses questions..

On va découvrir l’arrivée de Rose, ce que sera la vie entre ces murs, avec une vieille femme cruelle et un homme qui va la violer alors qu’elle vient à peine d’arriver, et le mot esclavage n’est pas de trop, parce que non seulement elle ne perçoit pas de gages, mais on lui met des chaines aux pieds pour ne pas qu’elle s’enfuie.

Parfois, c’est Edmond qui parle. De Rose.  C’est un homme jeune qui travaille avec les chevaux du Domaine.

Parfois, c’est Onésime, qui parle, le père de Rose, qui porte toute la culpabilité de ce qu’il a fait. 

Et jusqu’à la fin la voix de Rose, inoubliable, qui fera que le père Gabriel verra toutes les horreurs dont sont capables les hommes.

C’est un livre noir, mais magnifique, on est happés tout de suite par les mots, l’histoire, et ce n’est pas choquant, comme pourtant certains lecteurs l’ont ressenti, Rose décrit les faits, brutaux et les raconte, elle qui n’a jamais craqué, n’est jamais devenue folle. Pour comprendre Rose il faut comprendre ce qu’elle a vécu. 

C’est magnifiquement bien écrit. C’est un magnifique livre sombre, comme une forêt avec des trouées de lumière.

 

Né d’aucune femme – Franck Bouysse, ed La Manufacture de Livres, 334 pages, Janvier 2019, 20,90€

6 commentaires

  1. Je l’ai vu passer souvent, j’ai plongé. C’est un très beau roman, d’une belle écriture, il réussit à se mettre dans la peu d’une jeune fille du début du siècle dernier.. difficile enquête, mais ça vaut le coup. J’aime pas la couv, par contre..

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